Unité Pastorale Francophone Bruxelles-Centre

NOTRE CARÊME

Au début de ce mois de mars, très précisément le mercredi 5 mars, nous commencerons à vivre cette intense période que les chrétiens nomment « carême ». Quarante jours pour revivre aussi bien les quarante années du Peuple élu et sa longue traversée du désert avant d’entrer dans la Terre Promise, que les quarante jours passés par Jésus également au désert avant de commencer sa vie publique et sa prédication. Quarante jours intenses qui ont pris chez nous, dans la tradition chrétienne, une coloration nettement baptismale : pendant ce temps béni, nous accompagnons par notre prière et notre sollicitude les catéchumènes qui seront baptisés durant la Vigile de Pâques. Dans notre Doyenné, ils sont nombreux et tellement heureux de se préparer à vivre ce tournant de leur existence : devenir chrétiens ! Quant à la plupart d’entre nous, qui déjà sommes chrétiens, nous nous remémorons en quelque sorte les enjeux de notre propre baptême, de ce sacrement toujours vivace en nous qui nous lie chaque jour davantage au Christ et à sa Pâque, à sa traversée de la mort vers la Vie.

Et d’abord, donc, il y aura ce « mercredi des Cendres ». On nous imposera sur le front des cendres, résidus du buis bénit de l’an dernier et que l’on a brûlé. On nous les imposera pour nous rappeler notre fragilité : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière », dit l’une de deux monitions par lesquelles le célébrant accompagne son geste d’imposition. Oui, souviens-toi de ton immense fragilité – toi, petit amas de poussière humaine perdue dans l’immensité des univers visibles et invisibles, dans les milliards de galaxies et de soleils, reprends conscience de ton « rien », un peu de poussière qui redeviendra poussière. Mais, en même temps, et de façon paradoxale, souviens-toi de ton immense valeur dans le regard de Dieu, ton Créateur : il te connaît mieux que tu ne te connais toi-même, et il t’aime mieux que tu ne t’aimes toi-même. Oh, combien tu as de prix à ses yeux, toi petit tas de poussière immensément grand devant Dieu. Pendant quarante jours, accueille cette bienveillance divine penchée sur ta fragilité et, ainsi, apprends ou réapprends le mystère de Pâques : cette fragilité qui conduit à la mort, si elle est ensevelie dans le tombeau du Christ, ressuscite avec lui en gloire et en puissance, en Vie éternelle.

Le Carême n’est pas, comme le croient certains, le « Ramadan des Catholiques », car ces choses-là, chacune respectable en son domaine, ne se comparent pas. Et si l’on y suggère des privations, c’est pour mieux reprendre conscience du mystère infini qui nous constitue, mystère de petitesse et de puissance, de mort et de vie. Les catéchumènes vont y entrer en traversant la Vigile de Pâques. Nous sommes à leurs côtés !

Benoît Lobet,
Curé-Doyen de Bruxelles-Centre